On A Vu : Patrimoines Revisités

Jusqu'au 31 décembre 2016 -
Le Cellier //

Reims est célèbre pour la richesse et la complexité de son patrimoine historique, en particulier par sa cathédrale monumentale, qui fait rayonner la ville à une échelle internationale depuis des siècles. A l’occasion du 25ème anniversaire de l’inscription d’une partie de ses monuments sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, la ville a invité cinq photographes européens pour ensuite les lâcher à ses quatre coins, non seulement dans le but de célébrer ses monuments emblématiques, mais surtout pour les faire revivre. Cette exposition, conçue plutôt comme un essai photographique, défie la vision du patrimoine historique comme ‘un tas de vieilles pierres’ pour y intégrer une vision personnelle de cet héritage qui est avant tout celui des habitants, ceux qui continuent à le faire respirer, à dialoguer avec lui. Qui dit monuments dit aussi architecture, savoir-faire et les visages qui se cachent derrière, rendant un hommage unique à la conservation des objets si précieux à nos trésors nationaux.

 

Le lieu d’accueil de cette exposition inédite est Le Cellier, nouvel espace culturel de la ville, qui s’est installé dans les anciens celliers de Champagne Jacquart. L’exposition a choisi de s’implanter dans les souterrains du musée, des crayères monumentales où étaient anciennement stockées les prestigieuses bouteilles de bulles et auxquels on accède via un escalier en colimaçon. L’atmosphère nous frappe immédiatement : étrange et intrigante, sensation similaire à l’entrée dans la cathédrale. Les murs d’accrochage sont peints couleur chair, un choix audacieux avec lequel joue la lumière en fonction de l’artiste représenté.

 

L’espace est divisé en cinq - à chaque photographe sa surface d’exposition. Par la droite, sous une voûte majestueuse, on accède dans un premier temps à l’oeuvre de Jordi Bernado, photographe espagnol à l’oeil teinté d’ironie. Son travail, en dialogue libre avec l’architecture et l’urbanisation, est trompe-l’oeil, à la fois drôle et sérieux, sculpté dans le détail comme n'importe quel édifice. Nos yeux vont dans tous les sens et viennent finalement se poser sur les détails subtils qui rythment ses photographies : une plante exotique au coeur de la Basilique Saint-Remi, les statues solitaires des réserves du palais du Tau et le plus surprenant, une tour de la Cathédrale Notre-Dame, où les statues inégales et décomposées se dressent dos à dos en dialogue depuis près d’un millénaire.

 

Sophie Zénon, et sa série Les Invisibles, met également en scène les statues secrètes de la célèbre réserve du palais, elles aussi usées par le temps et habituellement visibles que par les restaurateurs. Les personnages de ses photographies sont en plein mouvement - un effet subtil de son appareil, associé à une lumière particulière, créent une impression fantomatique : les statues ont repris vie. La lumière qui les éclaire est très faible, encore une fois, c’est comme faire intrusion dans un lieu sacré et assister à une renaissance presque mystique de ces statues endormies.  Les Invisibles est un clin d’oeil à cette partie du patrimoine qui sommeille dans les souterrains, et à l’énorme travail de restauration entrepris par des artisans anonymes.

 

Plus loin, le photographe autrichien Arno Gisinger, présente un travail où se rencontrent événements historiques et fabrique du patrimoine. Il a décidé de poser un regard étranger sur une ville marquée par les événements dramatiques du XXème siècle, en particulier ce qui renaît des grandes destructions. Sa tonalité transparente et distancée déconstruit les différentes couches de l’histoire et la réécrit à travers la photographie. De la reconstruction de la cathédrale à la War Room où fut signé le traité de capitulation en 1945, l’artiste a entrepris un travail de type archéologique en rendant hommage aux endroits de la ville portant encore les traces d’un passé douloureux.

 

La contribution de Paolo Verzone, portraitiste italien, dédie sa série à un aspect très vivant du patrimoine : celui de tous les jours, des habitants qui en ont hérité et qui travaillent ardemment à sa conservation. Toutes ses photographies mettent en scène les bénévoles, prêtres, chefs de chantier ou remueurs de champagne que la passion du patrimoine anime et sans lesquels ce dernier n’existerait plus. Paolo Verzone, fasciné par cette ville qu’il dit ‘pleine de surprises’, restitue aux acteurs de la ville issus d’horizons différents, une place centrale au coeur de leur précieux héritage.

 

Pour terminer, les cathédrales gothiques et les maisons de champagne sont mises sur un pied d’égal à travers l’oeuvre de Claudio Sabatino. Une fois de plus, le dialogue s’instaure sur chacune de ses photographies, où se confrontent monuments historiques et espace urbain contemporain. Sa traversée de la ville, de la cathédrale aux crayères, donne lieu à une séquence de photographies où coexistent les différentes architectures de la ville. Le choix de la lumière rose qui entoure les grands formats, pose une lumière caressante sur ses oeuvres et baigne la salle dans une atmosphère cotonneuse, ultime hommage à cette ville pleine de vie et de joyaux historiques.

 

Une exposition qui met en lumière les merveilles du patrimoine rémois, en écho avec son lieu d’accueil exceptionnel.

 

Reims is famous for its incredible cultural and historical heritage, particularly the great Notre-Dame cathedral. In this exhibition, which is set in the cellars of the old Jacquart champagne factory, five European photographers present their take on the architecture and actors of this heritage in order to celebrate it and give it a new life.

 

Le Cellier
Jusqu'au 31 décembre 2016
4 bis rue de Mars
51100 Reims

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