Art 42 - Le Premier Musée de Street-Art en France

Le street-art a-t-il sa place dans un musée ? A cette question, le créateur de Free - Xavier Niel - et l’ex-directeur de l’espace Pierre Cardin - Nicolas Laugero Lasserre – nous répondent un grand « oui », et lancent Art 42. Decryptage.

 

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Dompter l’art urbain, qui jusque-là se voulait libre et sauvage, semblait être un pari perdu d’avance. Pourtant, le 1er octobre prochain, ouvrira à Paris le premier musée de Street-Art de France, et l’un des premiers au monde (depuis 2013, il en existe un à St Pétersbourg et celui de Berlin devrait ouvrir en 2017). Une tendance ancrée dans l’ère du temps, puisque l’on décompte aujourd’hui plus de 50 galeries dédiées au street-art en France.

Si pour certains, cet événement constitue une consécration de l’art urbain, enfin reconnu par ses pairs comme un art à part entière, les détracteurs du projet objecteront que cela constitue un sacrilège et un terrible renoncement des artistes à leur liberté si durement acquise. Car à l’origine, on admirait le caractère militant et imprévisible de ces Robins des Bois de l’art. On admirait leur courage et leur engagement désintéressé. On aimait être surpris par ces œuvres, éphémères par essence. Mais ça, c’était avant.

Car force est de constater que cet art s’est quand même bien assagi depuis ses débuts dans le New York des années 70. Si on a souvent en tête les actes artistiques contestataires de l’agitateur social Banksy, qui en 2005, repeignait le mur de Gaza avec ses images incisives, représentant des enfants faisant des châteaux de sable ou s’envolant dans le ciel portés par des ballons, les artistes de rue sont aujourd’hui moins revendicatifs, plus médiatisés et parfois même cotés sur le marché de l’art.

Si autrefois, la pratique était souvent taxée d’une réputation sulfureuse, elle prend de l’âge, perd de sa fougue et son audace de jeunesse. Pour preuve, deux stars de l’art de rue, Lek et Sowat, ont l’an dernier remporté le prestigieux honneur de devenir pensionnaires à la Villa Medicis.

Prenons Miss’Tic, impertinente et poète, fervente militante pour la liberté des femmes. Aujourd’hui ses peintures se vendent dans de très nombreuses galeries et ses pochoirs servent de slogan à des compagnies de location… Pas si libre que ça nous direz-vous ?

Dans un autre registre, l’artiste montant JR, ne renonce à rien pour sa notoriété. Ses portraits ont fait le tour du monde et sont aujourd’hui commandés par les plus grandes institutions : sur le Panthéon pour masquer ses travaux de restauration du dôme, sur la Pyramide du Louvre pour animer les touristes …

Finis le vandalisme et les actes revendicateurs sauvages des années 80, les artistes mettent désormais leur art au service des communautés, qui leur commandent souvent des créations pour animer les rues, égayer les villes, enchanter les promeneurs. Et ces œuvres ont un prix, pour les communes qui les commandent et pour les collectionneurs aussi. Preuve en est la dernière adjudication d’une toile de Banksy l’été dernier, pour la jolie somme de 625 000 euros… Ne leur jetons pas trop vite la pierre. Quel artiste n’a pas pour finalité ultime d’être exposé, reconnu, vendu ? Pour la postérité, pour laisser une trace, pour écrire sa propre histoire de l’art, sans que ses œuvres subissent les dégâts du temps et les dégradations des passants.

Leurs œuvres, les artistes urbains les travaillent en atelier, des heures, des semaines, des mois, avant de venir les coller, les graffer, les peindre. Selon le créateur du 42, « il était temps de leur accorder un musée ». Chacun pourra ainsi constituer sa culture de l’art urbain, découvrir les noms des artistes derrière des images familières, creuser l’histoire de cet art, découvrir de nouvelles signatures, plus confidentielles. Chacun pourra ainsi « voir d’un coup » un échantillon qui n’aurait pas été visible sans parcourir des milliers de kilomètres. On nous répond : « un peu comme un ours polaire dans un zoo ». A voir…

150 pieces will be gathered in a unique space covering 4000m2 and will be the first permanent and free street art museum in France, located at the heart of L'Ecole 42, a computer science school founded by Xavier Niel in Paris. Its inauguration will be held during the Nuit Blanche 2016.

Le musée en bref : 

  • 150 oeuvres de 50 artistes
  • 4000m2 d'espace sur 3 étages (dans l'école informatique 42)
  • De grands noms : JR, Shepard Fairey, Invader, Jérôme Mesnager, Futura 2000, Jef Aerosol, Jonone et même Ernest Pignon Ernest...
  • Des artistes émergents : Bault, Madame, Monkey Bird, Philippe Baudelocque, Romain Froquet qui réaliseront des oeuvres sur mesure
  • Un musée totalement gratuit, et des médiateurs pour accompagner le public

 

ART 42
96 boulevard Bessières, 75017 - M° Porte de Clichy (13)
Ouverture le 1er octobre 2016
Le mar. de 19h à 21h et le sam. de 11h à 15h
Entrée libre