On A Vu : Picasso vs Giacometti

Jusqu'au 5 février 2017 - Musée Picasso de Paris //

 

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Mais que peuvent bien avoir à faire ensemble Picasso et Giacometti ? Un artiste principalement connu pour ses peintures, l'autres pour ses sculptures... quel peut être leur point commun ?! Et bien préparez-vous à être surpris car cette exposition risque de bouleverser vos aprioris. Pour bien commencer la visite, il faut se remettre en tête que chacun des deux artistes était à la fois peintre et sculpteur. Ceci étant dit, nous pouvons débuter la visite.
Dès l'introduction on comprend que ces deux maîtres ont traité des sujets communs et pas toujours sous le même angle. En tombant nez à nez avec un sculpture sombre de femme enceinte tout en rondeurs et l'autre, blanche, d'une femme squelettique, difficile de nier l'évidence : nous allons découvrir la confrontation de deux univers.

 

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Au fil des salles, la confrontation de ces deux styles ne vous semblera plus aussi évidente. Des esquisses aux fameux autoportraits de Picasso et Giacometti, vous aurez de plus en plus de doutes quant à l'auteur de l'oeuvre que vous admirez tant elle sera empreinte d'éléments que vous venez de relever dans les sculptures ou les peintures de son comparse. Plus qu'une opposition c'est finalement un dialogue entre deux maîtres que nous propose le musée.
C'est probablement à partir de la 4ème salle que nous nous rendons à l'évidence. Ici les influences des arts non occidentaux sont mises en lumière aussi bien chez Picasso, très connu pour son goût pour l'art primitif (voir notre article sur l'exposition du MUCEM qui se consacrait à ce sujet), que chez Giacometti. Vous découvrez ensuite le passage au plan du point de vue de chacun des artistes avec une interprétation principalement sculpturale chez Giacometti tandis que Picasso se lance dans ses célèbres peintures cubistes. Picasso semble vouloir créer un effet tridimensionel dans ses peintures alors que Giacometti prend presque le contrepied en proposant des figures plates qui frôlent les limites de l'abstraction. Dans la salle suivante, consacrée à la représentation de la mort, on retrouve l'hommage de Picasso à son ami poète : La Mort de Casagemas (1901). Cet homme, s'étant suicidé par désespoir amoureux, semble également avoir inspiré Giacometti pour la Tête sur tige (1947), dont la bouche grande ouverte semble pousser un cri dans le vide. Avant de monter à l'étage, ne manquez pas l'Homme qui marche II, l'une des oeuvre phare de Giacometti.

 

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La visite se poursuit au premier. Les pulsions et désirs y sont mis à l'honneur avec une interprétation toute particulière confrontant Eros (l'amour) et Thanatos (la mort). Du grand nu de Picasso à la femme égorgée de Giacometti il n'y a qu'un pas. On ne pourra s'empêcher de lire dans la sculpture de Femme égorgée les traits de la Femme lançant une pierre ou des Figures au bord de la mer, inspiration ou hasard, difficile à dire mais le lien nous vient immédiatement.
La salle suivante est probablement l'une des plus émouvante. On y découvre les échanges entre Picasso et Giacometti : des croquis dédicacés, une correspondance régulière... On y apprend que Giacometti étudie ouvertement les œuvres de son aîné lorsqu'il visite les ateliers de Picasso en les recopiant sur un carnet. Ce dernier n'est pas sans admiration pour Giacometti dont il aprécie plus particulièrement l'oeuvre Boule suspendue. La salle consacrée au modèle féminin et à l'amante est moins captivante. Elle reprend principalement les célèbres œuvres de Picasso représentant Dora qui, appartenant au Musée Picasso, ne représentent pas une découverte en ce lieu. Concentrez-vous davantage sur les œuvres de Giacometti, tentant de représenter à plusieurs reprises sa future femme, Annette, et ne parvenant pas au résultat escompté qui manifesterait l'aura de sa chère et tendre.

 

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Vous terminerez votre visite sur le retour au réalisme chez les deux artistes avec une première salle des plus poignantes. La salle des animaux, probablement l'une de nos préférées, reprend évidemment la célèbre guenon et la chèvre de Picasso mais pas que ! On y retrouve le lévrier afghan de Picasso vu au travers du regard de Giacometti ainsi que deux interprétation complètement différentes de la représentation d'un chat. Un moment assez ludique dans l'exposition qui devrait plaire aux enfants. La seconde salle consacrée au réalisme montre l'opposition des deux points de vue sur les corps, même si la relation entre les œuvres semble moins claire.
On ressort de cette exposition heureux d'avoir vu autant de chefs d'oeuvre et ravis d'avoir appris autant sur la relation entre ces grands maîtres. Une belle expérience entre confrontation, dialogue et inspiration...

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Musée Picasso
Du 4 octobre 2016 au 5 février 2017
5 rue de Thorigny, 75003 - M° Saint-Paul (1)
Du mardi au dimanche de 9h30 à 18h
Fermé le lundi
Tarif : 12,50 € - Tarif réduit : 11 €


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