On a vu : "Chtchoukine"

Jusqu'au 20 février 2017 - Fondation Louis Vuitton //
Pas mal

A la Fondation Louis Vuitton, on ne change pas une formule qui gagne : des chefs-d’oeuvre, encore des chefs-d’oeuvre, toujours des chefs-d’oeuvre… Pas moins de 130 toiles de Monet, Cézanne, Gauguin, Rousseau, Derain, Matisse, Picasso mais aussi Degas, Renoir, Lautrec ou Van Gogh sont réunies ici. Leur point commun ? Elles ont toutes été acquises par un collectionneur russe visionnaire, Sergueï Chtchoukine, considéré comme le plus grand mécène du XXème siècle. Parmi les oeuvres exposées, celles de Picasso sont rarissimes, issues de la première période cubiste de l’artiste, dont Les Trois Femmes, ou icônes de la période bleue et de la période rose du peintre, périodes qui manquent cruellement en France.

 

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En descendant l'escalier, dès la première salle vous êtes assaillis par des grands noms de la peinture tels que Cézanne, Gauguin ou encore Van Gogh dans cet espace dédié au portrait et à l'autoportrait. Sur la gauche, une petite salle pourrait passer inaperçu si le son, à peine audible en présence de la foule, ne vous appelait pas à faire un petit détour. Les projections vidéos vous présentent un dialogue imaginaire entre Matisse et le collectionneur Chtchoukine autour des œuvres La Danse et La Musique. Un poème visuel dansé qui vous raconte la relation entre ces deux grands hommes. Vous découvrirez ensuite les œuvres de la "première collection" de Chtchoukine, c'est-à-dire celles qu'il a réunies entre 1898 et 1905. D'inspiration symboliste ou impressionniste, la majeure partie de ces œuvres représente des paysages ou des scènes de genre. Dans la continuité, la salle dédiée aux paysages impressionnistes de Monet confirme l'intérêt du collectionneur pour la représentation des étendues verdoyantes ou désertiques. Ce sont ensuite les paysages modifiés, ré-imaginés qui sont mis à l'honneur avec les œuvres de Cézanne, des Fauves et des Cubistes qui instaurent les règles d'une reconstruction au moyen de l'art.

 

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Rejoignez le niveau 0 pour admirer la multitude d’œuvres de Gauguin que possède Chtchoukine (12 présentées dans l'exposition), datant toutes de sa période tahitienne, elles nous révèlent l'attrait du collectionneur pour les artistes extra-européens. Un intérêt pour l'art primitiviste et orientaliste que l'on constate également dans le choix de ses œuvres du Douanier Rousseau, de Matisse ou encore de Picasso. La salle qui suit est consacrée aux portraits de nouveau, mais plutôt à la révolution qui va s'opérer entre la vision de Degas, Renoir ou Toulouse-Lautrec et celle de Matisse, Derain ou Picasso. A l'étage supérieur vous pénétrez le Salon Rose, une immense salle entièrement dédiée à Matisse avec notamment L'Atelier du Peintre, reproduisant l'agencement imaginé par le peintre lui-même. Après la salle dédiée aux natures mortes, ce sont les tabous qui sont mis en avant. La rareté du nu dans la collection Chtchoukine est frappante, exceptées quelques allégories tolérées chez Gauguin ou Denis, dans cette salle c'est cette thématique qui est mise à l'honneur avec la féminité et la nudité vues par Matisse, Malevitch ou encore Picasso.

 

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Au dernier étage, une salle est bien évidemment dédié à Picasso (29 oeuvres présentées dans l'exposition), présentant des œuvres d'une grande rareté, datant notamment de sa période bleue (1901-1905) et de sa période rose, ainsi que quelques œuvres de sa période africaine dont le chef-d'oeuvre Trois Femmes. Les trois dernières salles confrontent l'art de Picasso aux artistes avant-gardistes russes tels que Malevitch, Tatline, Rodtchenko ou Popova.

fondation vuitton buren chtchoukine3 raisons d'aller voir cette exposition :
-Pour faire le plein de grands noms : son inventaire extraordinaires d'artistes de renom laisserait quiconque sans voix (8 Cézanne, 6 Derain, 12 Gauguin, 8 Monet, 29 Picasso, 2 Pissaro, 4 Rousseau et 8 Malévitch, pour ne citer qu'eux)
-Car c'est la première fois que ces œuvres sont réunies en un même lieu depuis que Staline a décrété la dispersion des œuvres dans des musées de province de Russie en 1948.
-Pour la beauté du lieu, revisitée par Buren (voir l'article), la Fondation Louis Vuitton est sans doute l'un des plus beaux bâtiments de Paris.

3 raisons de ne pas se laisser tenter :
-La foule : victime de son succès, l'exposition est devenue presque impraticable. Vous devrez faire la queue avant d'entrer dans chaque salle et vous mettre sur la pointe des pieds pour admirer les œuvres les plus célèbres. Agoraphobes s'abstenir !
-Parce que la relation entre ces grands noms européens et les avant-gardes russes n'est pas toujours très claire : sous prétexte de lier les artistes russes aux icônes de l'art moderne, l'exposition est finalement un étalage de grands chefs-d'oeuvre sans réelle histoire.
-A cause du prix : 16€ pour autant de grands maîtres ce n'est pas cher nous direz-vous, mais quand il faut attendre avant d'entre-apercevoir une oeuvre entre deux épaules c'est déjà moins engageant !

Si l'expérience de la foule, de l'attente et des bousculades ne vous gâche pas le plaisir, foncez voir cette exposition. Un projet extraordinaire sur le papier dont le défaut principal vient de son succès et qui risque finalement de vous laisser un goût d'amertume... Une visite fastidieuse qui pourrait en frustrer plus d'un. A vous de juger !

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Fondation Louis Vuitton
Jusqu'au 20 février 2017
8 avenue du Mahatma Gandhi, 75016 – M° Les Sablons (1)
Le lundi et du mercredi au vendredi de 12h à 19h, le week-end de 11h à 20h
Nocturne le vendredi jusqu’à 23h
Fermé le mardi
Tarif : 16€ – Tarif réduit : 10€