On A Vu : "Plus jamais seul, Hervé di Rosa et les arts modestes "

Jusqu'au 22 janvier 2017 - La Maison Rouge //
Très bien 

La Maison Rouge consacre cette fois l’intégralité de ses espaces à l’artiste Hervé di Rosa, figure majeure de l’art modeste et fervent collectionneur à l’imagination très fertile. L’art modeste revendique être proche de tous les arts (populaire, primitif, pauvre, brut etc.) et accessible à tous tant intellectuellement que matériellement. Avec la volonté de mettre en regard le travail de cet artiste avec les œuvres et objets qu’il a collectionnés tout au long de sa vie, cette exposition haute en couleurs vous réserve bien des surprises !

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Hervé di Rosa est issu d’un milieu plutôt populaire, modeste et c’est ce qu’il a toujours voulu mettre à l’honneur. Ainsi son art optimiste puise également l’inspiration dans les comics, les objets chinés sur les brocantes, la street-culture, le divertissement. Le couloir qui nous mène au cœur de l’exposition est décoré d’une grande étagère sur laquelle sont déposés assiettes et bibelots en tout genre, symboles d’un kitsch absolu souvent moqué mais adulé par Hervé di Rosa qui y trouve un charme désuet exploitable à l’infini. Au bout de ce couloir, le départ d’un parcours explosif saturé de couleurs, une mise en scène loufoque de figurines, de fanzines entassés, de cartes du monde personnalisées, de créatures étranges et de totems. Mais gare aux amalgames, ce qui pourrait passer pour de la folie ou de la crédulité se révèle être le fruit du travail d’un grand artiste appartenant au mouvement artistique « Figuration Libre », à contre-courant donc de l’abstraction programmant la fin de la peinture et dont Ben Vautier avait fixé les principales caractéristiques : « 30% provocation anti-culture, 30% Figuration Libre, 30% art brut, 10% folie. Le tout donne quelque chose de nouveau ».

L’on s’engouffre rapidement dans un passage ténébreux, les murs sont recouverts du sol au plafond  d’une peinture dont les nuances n’excédent pas le noir et le marron. Sont représentés « les pauvres » de la société, ceux qui n’ont pas d’argent, ceux qui n’ont pas d’amour, ceux qui ne sont pas représentés, ceux qui n’ont pas le droit au bonheur confortable. La technique du peintre qui alterne lignes courbes et segments est impressionnante.

 

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Puis nous passons dans un espace à l’ambiance radicalement différente. Nous voici dans une petite pièce intitulée « Boutique de l’art modeste ». Tee-shirt et figurines sous vitrines s’offrent à nous. Le côté commercial de cet art est totalement assumé. Et puisque cette exposition attend de nous que nous nous intéressions aux détails, nous n’hésitons pas à coller notre nez sur tous ces objets bizarres. L’immense salle qui suit serait presque indescriptible. Des milliers d’objets de toutes tailles, matières et couleurs, de bouchons de bouteilles, statuettes mexicaines en papier mâché, affiches peintes, maquettes, coquillages. Nous ne savons plus où donner de la tête. Chaque objet mérite qu’on s’y attarde. Particulièrement les cartes du monde délivrant le secret des origines géographiques de cet art modeste.

Et ce voyage extraordinaire au pays des merveilles est loin d’arriver à terme. En passant de l’autre côté de la Maison Rouge, nous nous arrêtons devant de sublimes toiles sur lesquelles l’on observe une maison et son jardin après l’orage, un drugstore tout droit sorti des Etats-unis, des architectures qu’aura retenues Hervé di Rosa de ses nombreux voyages. Les sections qui suivent sont toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Une salle « autour du monde » présente les œuvres réalisées par Di Rosa et inspirées de ses voyages. Etats-Unis, Afrique (Egypte, Bénin, Ghana, Ethiopie, Afrique du sud), Mexique, Brésil, Bulgarie, Russie, Vietnam, Israël, Cuba… la liste est longue et le résultat magnifique, pour celui qui s’entoure des meilleurs artisans locaux, toujours prêt à apprendre de nouvelles techniques et à connaître de nouvelles histoires. Puis nous passons du côté des super-héros de plastiques rassemblés minutieusement par l’artiste, des toiles au thème sous-marin accompagnées d’un aquarium, puis au fond du fond de la Maison la reconstitution d’un espace ressemblant étrangement au grenier de chez vos parents, plein de trésors enfouis dans des boîtes en plastique et de choses diverses et variées accrochées au mur.

 

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C’est un phénomène que nous présente la Maison rouge, un événement qui vaut largement le détour, et cela qu’on ait 7 ou 77 ans. Le travail pictural et sculptural de Di Rosa, inspiré autant des grands peintres du XXe siècle (Matisse, Picabia, Dubuffet) que des objets si nombreux et si particuliers qu’il accumule, est saturé de couleurs et d’émotions. Un voyage extraordinaire dans la tête d’un artiste qui l’est tout autant, fait pour les curieux, les passionnées et les ouverts d’esprit.

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                              sur-le-monde

3 bonnes raisons d’aller voir cette exposition :
-Pour découvrir un lieu et un artiste que vous ne connaissez peut-être pas et qui en valent largement le coup !
-Enfin  une exposition pour nous faire sortir de la grisaille ambiante
-Pour voir des tas d’objets drôles et bizarres, et aussi des poissons, des vrais (eh oui !)

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Maison Rouge
Jusqu'au 22 janvier 2017
10 boulevard de la Bastille, 75012 – M° Quai de la Rapée (5)
Du mercredi au dimanche de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Fermé le lundi et le mardi
Tarif : 10€ – Tarif réduit : 7€ – Gratuit – de 13 an