Marie de Médicis, déesse grecque

Peter Paul Rubens -
Marie de Médicis en Bellone, 1622 //

Comment reconnaître le travail d’un maître ? Comment identifier sa patte, celle qui n’appartient qu’à lui et qui fait de sa toile une œuvre d’art, la distinguant par là-même des autres artistes ? L’heure est aux travaux pratiques, et l’on profite de l’exposition au Musée du Luxembourg pour s’essayer à ce petit jeu. Notre cobaye du jour n’est autre que Rubens, dévoilant un pan de ses créations que l’on connaît moins, les portraits des reines et rois de son temps. Tiraillé entre deux influences, l’une nordique, imprégnée de sa jeunesse à Anvers et de l’Ecole de Flandre, la seconde méditerranéenne, baignée de l’œuvre des maîtres italiens, Rubens donne naissance à des tableaux hybrides, d’un style unique qui ne correspondent qu’à lui.

Marie de Médicis en Bellone, Rubens, expo in the city

Regardons de plus près :

Ce qui compte avant tout dans la peinture de Rubens, c’est la composition. Il parvient à insuffler à sa toile mouvement et légèreté par une harmonie de courbes, jouant avec les lignes de fuite qui se dispersent. L’ensemble donne une sensation de fougue, un brin de folie, allant à contre-courant des représentations classiques de ses contemporains. C’est Marie de Médicis qui mène ici la danse et entraîne le regard du spectateur à flâner sur la toile. Tout son corps s’anime et sa posture arquée fait résonner une certaine forme de souplesse. Les vêtements virevoltent, se froissent, soulignant l’influence de l’art baroque sur l’artiste. On sent l’Italie. Plus encore, Rubens décide ici de faire de la souveraine une déesse, de l’élever au rang de mythe en lui donnant les apparats de Bellone, divinité romaine de la guerre. Loin de faire dans la sobriété, l’artiste multiplie les accessoires et les symboles, faisant de la surface peinte une scène de théâtre, détonnant avec les portraits sobres, neutres qui se pratiquent à l’époque. L’Ecole du Nord ne se fait pourtant pas oublier. C’est à l’arrière-plan qu’elle se distingue davantage, dans le sens des détails. Tout n’est que minutie, du canon au dégradé qui constitue le paysage et la plaine. Rien n’est laissé au hasard, et chaque élément compte, ayant une place bien précise dans l’équilibre de sa mise en scène. C’est l’art Flamand qui guide son pinceau pour donner une telle intensité et une précision au visage de sa muse, lui donnant une expression singulière. Un art qui l’inspire jusque sur sa palette, où les couleurs froides viennent s’opposer aux rouges baroques, comme un clin d’œil à l’art du Nord

Visible au musée du Luxembourg
Du 4 octobre 2017 au 14 janvier 2018
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