François Ier

Franços Ier, Roi de France -
Jean Clouet //

© RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Michel Urtado

Vous le reconnaissez sûrement. Ce portrait, vous l’avez croisé à coup sûr au détour de l’un de vos livres d’Histoire, comme vos parents avant vous, et vos enfants par la suite. Un incontournable de l’apprentissage. Mais si l’on se veut moins scolaire et déterministe, il est aussi possible que vous l’ayez vu de vos propres yeux, une perspective déjà plus alléchante que celle d’un manuel de collège, au détour de l’une des allées du Louvre. Ce portrait, c’est celui du roi François Ier, et s’il tient une place tant importante dans notre éducation de l’Histoire de France, c’est qu’il a fortement participé à son rayonnement que ce soit par ses faits d’armes, ses avancées diplomatiques ou encore artistiques !

Il a fière allure dans son habit de lumière, un manteau aux manches bouffantes, insufflant la richesse et le prestige, mais sans arborer pourtant des attributs synonymes de royauté, que ce soit une main de justice, un globe ou une couronne comme il était de coutume de le faire pour les portraits officiels. Ce n’est pas l’image d’un roi guerrier que l’on a face à nous, mais celle d’un homme empli de noblesse et de distinction. 

La naissance d'un roi

Si l’on a reconnu François Ier sur la toile, que savons-nous exactement de son règne ? Quels sont les événements à retenir ? Tout d’abord, il est important de rappeler le contexte. Nous sommes à la veille du XVIe siècle, François d’Angoulême (ou François d’Orléans) voit le jour un 12 septembre 1494. Au même titre que son visage, impossible que vous ayez oublié la date à laquelle il fut propulsé à la tête de l’État tant elle résonne encore dans les tréfonds de notre mémoire, une date liée à son tout premier exploit militaire  : « 1515, bataille de Marignan », alors, ça vous revient n’est-ce pas ? On peut dire que le jeune roi (vingt ans à peine !) a su très vite s’imposer dans l’échiquier diplomatique de l’époque. Cette année là, son prédécesseur Louis XII meurt au combat en perdant le Milanais. François Ier fraîchement arrivé sur le trône contre-attaque et le récupère lors d’une incroyable bataille décisive, à Marignan, et se fait adouber sur le champ de bataille. Chevalier de la Renaissance, il fallait y penser.

 

On pourrait également ajouter que durant tout son règne, le grand ennemi de François Ier fut Charles Quint, qu’il y eut à cette époque une accélération de la Réforme protestante, que son symbole était celui de la salamandre (pouvant, dans la légende, maîtriser le feu et donc les hommes) et qu’il mesurait près de deux mètres (inouï pour l’époque). Mais François Ier c’est surtout et avant tout le roi des arts et des lettres en France, le « Prince de la Renaissance ».

 

Afin de répondre à ses deux passions, la guerre et les arts, il va vite s’adapter et cherche à optimiser la gestion de l’Etat, en commençant par améliorer le rendement des impôts, malin. Les nombreuses guerres d’Italie qui se sont succédées en ce début de XVIe siècle ont été une source de dépenses colossales, certes, mais elles ont aussi permis une large diffusion des pensées entre les deux pays, en particulier celles de la Renaissance Italienne. François Ier est donc à la fois le fruit et l’acteur de ce nouvel élan intellectuel qui prend vie en France.

Roi de France, Prince des Arts

Dans cette lignée, il devient tout naturellement le protecteur et mécène des artistes, poètes, musiciens comme peintres. Sans frontière, François Ier va donc chercher ses préférences à travers l’Europe, tout particulièrement en Italie et aux Pays-Bas. Si les artistes italiens bénéficient déjà d’une aura sans appel, c’est François Ier qui va permettre d’attiser le goût pour l’art flamand en France. Parmi ses favoris du Nord, on notera principalement Corneille de La Haye et Jean Clouet, à qui l’on doit d’ailleurs ce si célèbre portrait. Et encore, la liste des peintres de renoms ne s’arrête pas là, il posera sous l’œil aiguisé de Titien et Cellini sans oublier Léonard de Vinci. Les deux hommes partagent une relation qui tient autant de l’admiration que de l’affection. François Ier le fit venir jusqu’en France, et même vivre à ses côtés en le logeant au Clos-Lucé, un château relevant du fief du Château d’Amboise où il résidait. Léonard de Vinci y demeura jusqu’aux dernières années de sa vie.

S’il fut le modèle de ces peintres, il ne manqua pas d’être aussi l’un de leurs plus fidèles collectionneurs. Nombre de tableaux que l’on peut admirer aujourd’hui dans les galeries du Louvre (et oui une fois de plus), le sont, car ils appartenaient à la collection des rois de France, une collection initiée, vous l’aurez vu arriver, par François Ier. C’est à lui également que l’on doit la collection des Joyaux de la Couronne.  

Peinture, architecture, littérature, le roi de France est sur tous les fronts. Il engage une grande vague de construction et reconstruction des bâtiments et du patrimoine à travers la France (Château d’Amboise, de Chambord, du Louvre…). C’est dans l’un de ces châteaux d’ailleurs qu’il va affirmer la postérité et l’éclat la langue française. En 1539, il signe l’ordonnance royale la désignant comme la langue officielle et exclusive à la place du latin, pour renseigner tout ce qui a trait à l’administration, au droit et désormais aux naissances (l'État civil est né). Quelques années auparavant, c’est plus largement envers les lettres qu’il s’engage, créant un cabinet de livres, puis une bibliothèque royale référencée avec minutie et enfin, un corps de « Lecteurs Royaux » au sein du Collège Royal (futur Collège de France), faisant de ce lieu une espace où la culture est vivante et moderne, en  opposition à la Sorbonne jugée trop conservatrice.

Nul doute, François Ier a donné à la France un rayonnement culturel sans commune mesure durant la Renaissance, sachant allier et faire rimer faits diplomatiques et artistiques. Il a su capter la vague artistique et intellectuelle qui a secoué l’Italie pour l’importer en France et la développer, mettant pour cela tous les moyens nécessaires en place. Mécène, collectionneur, bâtisseur, amis, autant de statuts différents qu’il adopta auprès des artistes pour encourager leur création. On le disait friand des romans de chevalerie, s’il n’en partage pas l’époque il nous démontre qu’il en avait pourtant l’étoffe.