Jeff Koons : génie ou charlatan ?

« Gagner de l'argent est un art, travailler est un art et faire de bonnes affaires est le plus bel art qui soit. » a déclaré un jour Andy Warhol. Il semblerait que certains artistes prennent cette déclaration au pied de la lettre, quitte à susciter l’interrogation voire l’indignation. On peut prendre le cas du plasticien américain Jeff Koons. Célèbre pour ses sculptures en ballon mais aussi pour ses sulfureuses reproductions de scènes de sexe avec son ex-femme,La Cicciolina, actrice porno connue. Jeff Koons est considéré comme l’un des artistes vivants "les plus scandaleux" de la scène artistique contemporaine.

 

 

Il a été couronné il y a peu du glorieux titre d’« artiste vivant le plus cher au monde ».  Paradoxalement, celui qui clame haut et fort que « l’art doit être accessible au plus grand nombre » a cumulé les ventes d’œuvres à des prix exorbitants, en cédant par exemples ses Tulips pour 33.6 millions de dollars et son fameux Balloon Dog pour 58,4 millions de dollars.

 

 

Voilà assurément « un art accessible » mais pour qui ? Cependant, Jeef Koons n’a pas oublié le peuple puisque grâce à sa collaboration avec Snapchat, tout un chacun peut observer ses œuvres virtuelles simplement à travers les filtres de son smartphone.

 

 

Si cela fonctionne si bien pour Koons, tant au niveau des élites qui achètent des sculptures pour des millions de dollars que chez les classes moyennes, c’est parce qu’il a parfaitement compris son marché et surtout, qu’il a réussi à être à la fois l’artiste du scandale et l’artiste à la mode. Jeff Koons et les scandales, dans le monde de l’art, ne font qu’un. A tel point qu’on s’étonnerait presque qu’une de ses œuvres ait du succès sans avoir fait scandale...

On se souvient de Balloon Dog qui avait été exposé en 2008 dans les appartements du Roi Soleil, à Versailles. La sculpture géante d’un chien en ballon de forme et couleur enfantine avait provoqué un tollé général. Certains crièrent au mauvais goût, d’autres allèrent plus loin puisqu'un descendant autoproclamé de Louis XIV traîna l’artiste en justice – et perdit le procès.

 

 

Ces chiens seront reproduits par Koons dans toutes les tailles et de toutes les couleurs, vendus des millions. Les parodies qui en seront faites ne seront qu’un peu plus de publicité pour l’artiste.

 

 (POPek Red de Whatshisname)

 

Ces fameux chiens ou lapins seront aussi transformés au format numérique grâce à la collaboration de Koons avec Snapchat. Cependant, certains artistes n’ont pas apprécié l’attitude de Koons et sa collaboration « avec les grandes entreprises ». Le mois dernier, l’une de ses sculptures a été virtuellement vandalisée. Ce qui a permis à Jeff Koons de bénéficier d’un buzz médiatique majeur…

 

 

Incontestablement, Jeff Koons fait preuve d’un esprit managérial exceptionnel et d’une grande capacité de manipulation de la presse, dont il déchaîne régulièrement les foudres et passions. Il y a quelques mois, il a encore créé le scandale en « offrant » à Paris la sculpture d’un bouquet de fleur de 11 mètres de haut, en signe de fraternité après les attentats de 2015. La proposition avait de quoi toucher, surtout vu le coût de construction de l’œuvre estimé à 3,5 millions d’euros… Sauf que ce « cadeau » ne sera pas financé par l’artiste ! La critique d’art Isabel Pasquier a parfaitement résumé le nouveau "scandale Koons"  : "Ils ont présenté ce bouquet comme un cadeau symbolique, mais nous avons réalisé peu après que ce n’était pas vraiment un cadeau, puisque la France doit payer pour l’installer. Que l’on aime son art ou non, Jeff Koons est un homme d’affaires et l’on a très vite compris que c’était plutôt lui qui s’offrait Paris en cadeau."

 

 

 

 


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