Chroniques ardentes : une peinture en regard d'un texte littéraire
MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE CAEN
L'exposition "Les villes ardentes. Art, travail, révolte 1870 - 1914" devait commencer le 16 mai mais l'épidémie de Coronavirus a contraint le musée des Beaux-Arts de Caen à reporter la date d'ouverture de cette sublime rétrospective. Mais cela ne vous empêchera pas de découvrir les trésors qu'aurait dû accueillir le musée des Beaux-Arts de Caen : Emmanuelle Delapierre, directrice du musée des Beaux-Arts de Caen et commissaire de l'exposition, lance un podcast, "Chroniques ardentes", qui vise à lire un texte littéraire en regard d'un tableau dépeignant la société industrielle, qui figurera dans l'exposition.
Découvrir l'initiative du musée des Beaux-Arts de CaenNous avons décidé de nous attarder sur la première chronique ardente consacrée à Pierre Combet-Descombes qui peint en 1911 un incendie progressant dans une usine, Les Hauts-Fourneaux de Chasse (prêté par le musée municipal Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône). Il décrit l'industrie comme un lieu toxique, une opinion critique partagée par Émile Zola qui assimile dans son roman Le travail, publié en 1901, les hauts-fourneaux à un monstre d'acier : "Quel animal géant à la forme inquiétante, effarante, et dont la digestion dévorait des cailloux et rendait du métal en fusion. " La représentation du travail est un motif récurrent, commun à plusieurs écoles de peinture que l'on a l'habitude d'opposer : les naturalistes, les Impressionnistes et les post-Impressionnistes.
Les Impressionnistes sont certes réputés pour leurs peintures d'agrément mais certains se sont attachés à représenter le travail comme Paul Louis Delance, dans Grève à Saint-Ouen. Des hommes et des femmes suivent un corbillard transportant un ouvrier tué lors d’une manifestation. Jules Vallès, dans L'Insurgé, évoque ces révoltes populaires : "Ils ne m'auront pas et je pourrais être avec le peuple encore si le peuple est rejeté dans la rue et acculé dans la bataille. Je regarde le ciel du côté où je sens Paris, il est d'un bleu cru avec des nuées rouges, on dirait une grande blouse, inondée de sang."
En attendant l'ouverture de l'exposition du musée des Beaux-Arts de Caen, retrouvez notre article annonçant cette magnifique rétrospective ici.