Vasarely, le partage des formes

Centre Pompidou
Du 6 février au 6 mai 2019

Du 6 février au 6 mai 2019 -
Centre Pompidou //

 

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Cela faisait plus de 50 ans que l’on n’avait pas vu une exposition consacrée à Victor Vasarely dans un musée parisien. Pourquoi donc me direz-vous ? Alors que l’artiste est le père de ce que l’on nomme l’art optique ou Op-Art ? Véritable star des années 70…
Peut-être justement à cause de son succès atypique. Vasarely n’est pas issu d’un cursus d’artiste classique – si tant est qu’il y en ait un – C’est avant tout un ingénieur, puis un graphiste et pire encore, un publicitaire… Publicité et art, deux mots qui font rarement bon ménage dans le très élitiste milieu artistique. Quand il devient artiste, il ne fait là encore rien comme tout le monde. Pour lui, point de signature unique ni d’artiste intouchable. Il n’a aucun scrupule à produire en masse, à multiplier ses œuvres sur des supports industriels. Il veut être partout et pour tous. Et il réussit plutôt bien ! Du logo de Renault aux pochettes d’album de David Bowie, des plateaux TV de Michel Drücker aux couvertures des livres Gallimard… Vasarely est littéralement partout, dans tous les foyers, sur la vaisselle, les posters, les sacs à main. L’artiste ira même jusqu’à créer un alphabet universel, fait d’un langage de formes et de couleurs, utilisable par tous. Un art résolument populaire donc. Au point, évidemment qu’il agace… ou pire, qu’il lasse. Ses œuvres géométriques deviennent de jolis motifs décoratifs et colorés, stylisés, tendance au début, puis démodés le temps passant. Alors que faire d’un immense artiste quand il apparaît « daté »… C’est tout le pari du Centre Pompidou qui redonne une seconde jeunesse à ses œuvres visionnaires en leur temps. Parce qu’on l’a aujourd’hui oublié, mais Vasarely a réalisé ses premières toiles d’art optique dans les années 30. Faire bouger un art abstrait par définition statique et figé, quelle audace ! Ses lignes vibrent, ses damiers se gonflent et jouent sur des perspectives assurément illusionnistes. Jouer avec les formes jusqu’à tromper notre perception, et ce, sans faire appel à l’informatique. Ici ce sont 300 œuvres de l’artiste qui s’exposent, retraçant la fabuleuse épopée d’un artiste qui n’a jamais rien voulu faire comme tout le monde. Vasarely introduit le temps et l'instabilité dans l'art abstrait. C’est là sa véritable trouvaille. Il imagine des tableaux dont les contrastes et les jeux coloriels produisent des phénomènes de vibration optique. Regardez par exemple ces Vega qui semblent prêts à éclater, dont 7 originaux sont à découvrir ici au Centre Pompidou, une première en France. Ses posters psychédéliques prennent ici avec le recul du temps un tout autre aspect. Nous sommes ici aux prémices de la 3D. Un demi-siècle en avance sur son temps. Ici on se surprend à se perdre à nouveau dans ses lignes, ellipses, ovales et autres carrés de couleurs vives. Et on salue la mise en scène de l’exposition, qui – chose rare pour le Centre Pompidou – ose se détacher des murs blancs pour jouer sur les sensations visuelles, plongeant le visiteur curieux que nous sommes dans des ambiances visuelles sombres, colorées, psychédéliques ou cosmiques, comme aimait le faire Victor Vasarely, peintre foisonnant aux 20 000 œuvres qu’il concevait avant tout comme des espaces à part entière. Des installations artistiques recouvrant l’espace du sol au plafond, là encore une vision résolument avant-gardiste en son temps.

Découvrez l'expo en images :

 

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Voir une exposition de Vasarely, c’est un peu se replonger dans les années 60 et 70, période mythique où mouvements psychédéliques, changements sociaux et développements technologiques modifient en profondeur la société. Et pourtant, le père fondateur de l’Art optique semble avoir été quelque peu oublié du grand public. Le Centre Pompidou répare cette injustice en organisant la première grande rétrospective française dédiée à Victor Vasarely. Près de trois cents pièces (œuvres, objets et documents) de l’artiste, dont certaines jamais vues depuis plus d’un demi-siècle, seront mises en lumière. En l’espace de quelques années, ce publicitaire et graphiste de formation a vu ses abstractions pop et colorées aux motifs géométriques devenir l’incarnation même des Trente Glorieuses, à travers la mode, les publicités, l’architecture ou les films. Ce n’est donc pas par hasard que David Bowie choisit un de ses tableaux pour la couverture de son album culte de 1969, Space Oddity. Les installations immenses ainsi que les toiles graphiques et flashy du plasticien d’origine hongroise rappellent les illusions d’optique : en les regardant, on a l’impression qu’elles bougent, tel un kaléidoscope ! Comment alors ne pas penser aux visions hallucinogènes induites par le LSD en cette période dite « flower power » où tout semble possible… C’est aussi dans les années 60 que Vasarely, toujours aussi avant-gardiste, perçoit l’importance de l’ordinateur dans le monde de l’art. Son approche scientifique de l’art ne s’arrête pas en si bon chemin, puisqu’il dépose même un brevet pour « l’unité plastique », sorte d’alphabet qui mêle plusieurs formes géométriques au sein d’un carré. Cette création lui inspirera aussi un alphabet chromatique contenant six couleurs de base. Ce visionnaire, qui a durablement marqué de son empreinte le XXème siècle, nous laisse en héritage une production foisonnante de milliers de tableaux et esquisses. À ne pas rater.

Are you familiar with the Op Art movement ? Extremely influential in the sixties, discover the founder of this popular graphic art, artist Victor Vasarely.


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